Au Bénin, les produits locaux tentent de résister à la concurrence étrangère
Au Bénin, la concurrence entre le « Made in Benin » et les produits importés est rude. Retour sur ces produits locaux tombés en désuétude en compagnie d’Idrissou Imorou, colonel des douanes, qui vient de soutenir sa thèse de doctorat à ce sujet.
Le Colonel des douanes Idrissou Imorou a soutenu ce vendredi 21 avril 2023, à l’Académie des Sciences de Management de Paris en France, sa thèse de doctorat au sujet du rôle de la douane dans la promotion de la consommation des produits locaux au Bénin.
Plusieurs entreprises béninoises baissent le rideau
L’objectif général de cette thèse est de montrer que les douanes béninoises peuvent influencer significativement la compétitivité des Petites et Moyennes Entreprises (PME) locales et inciter à la consommation des produits locaux.
Pour l’impétrant, l’une des caractéristiques majeures de l’environnement économique international actuel est « l’exigence accrue des consommateurs« . De ce fait, souligne-t-il, « le consommateur se situe au cœur des préoccupations managériales de l’entreprise d’aujourd’hui en tant que principal partenaire, garant de sa rentabilité, de sa croissance, voire de sa compétitivité« . Il ajoute, « la relation avec les clients devient ainsi un facteur important pour le développement du chiffre d’affaires d’une entreprise« . Les PME étant sources de développement économique, la dynamique entrepreneuriale se trouverait alors impactée négativement si le consommateur n’a pas de préférence pour le produit du territoire, a laissé entendre Idrissou Imorou.
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Pourtant, au Bénin, fait-il remarquer, « les secteurs tels que ceux de l’agroalimentaire, des textiles, et de la papeterie sont affectés négativement par la concurrence des produits étrangers, venant de l’Asie notamment« . A le croire, plusieurs entreprises ont fermé, avant de préciser que les quelques-unes qui restent encore sont menacées de disparition tant la concurrence est rude.
5% de riz local au marché de Dantokpa
« Dans un coin du marché de Dantokpa, où nous avons réalisé une étude exploratoire sur la consommation des produits locaux, nous avons pu remarquer que sur les étalages des revendeurs de riz par exemple, nous n’avons que 5% des variétés de riz local« , a déploré le cadre des douanes béninoises, avant d’ajouter que les 95% restants sont de Thaïlande, de l’Inde, du Vietnam, de la Chine.
Selon lui, le phénomène est prégnant surtout dans la filière de la volaille et des poissons importées. « Il prend de l’ampleur et se propage à tous les secteurs« , a-t-il indiqué. « La réticence des populations béninoises vis-à-vis des produits locaux s’explique souvent par la cherté du »Made in Benin’.«
Redorer le blason du « Made in Benin »
Toutefois, la présence massive des produits étrangers sur le marché béninois fait rentrer dans les caisses de l’État des centaines de milliards de francs, a-t-il martelé. L’État, dira-t-il, se trouve donc devant un dilemme : laisser les produits étrangers sur le marché béninois et alors sacrifier les industries locales ? Ou restreindre la présence des produits étrangers sur le marché béninois et se priver des sources de financement du budget national ?
Au-delà des questions légitimes de la qualité des produits, cette concurrence des produits étrangers compromet l’émergence de la production locale, a laissé entendre Idrissou Imorou, auteur de l’ouvrage Mieux connaître la douane (2018). Dans sa démarche scientifique, il entend éclairer les entrepreneurs du secteur agroalimentaire dans leur prise de décision en matière de valorisation de l’offre des produits agroalimentaires et d’incitation des consommateurs à l’adoption de ces produits locaux.
Selon lui, les mesures douanières peuvent contribuer à améliorer la compétitivité des PME agroalimentaires béninoises et la consommation des produits locaux.
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