BÉNIN : L’eau potable, une denrée qui se raréfie à Tobré

23 mars 2023

BÉNIN : L’eau potable, une denrée qui se raréfie à Tobré

Tobré est une localité du Nord Bénin (commune de Ouassa-Péhunco) où l’on recense une population de presque 6.000 habitants. A Tobré, l’eau salubre est une denrée qui se raréfie. Les populations de Tobré, par manque d’eau potable, prennent d’assaut les sources d’eau impropres à la consommation pour les besoins du quotidien.

Crédit photos: Souabirou Mora & Aziz SAKA YAROU

Comme chaque année le 22 mars, ma pensée va spécialement vers Tobré… Parce-que le 22 mars, c’est la journée mondiale de l’eau. Cette journée est célébrée par les Nations Unies depuis 1993. Cette date permet de mettre chaque année l’accent sur l’importance de l’eau douce.

La Journée mondiale de l’eau célèbre l’eau et sensibilise à la situation des 2,2 milliards de personnes qui vivent sans accès à de l’eau salubre. Il s’agit de prendre des mesures pour lutter contre la crise mondiale de l’eau. L’un des principaux objectifs de la Journée mondiale de l’eau est de soutenir la réalisation de l’objectif de développement durable 6 : eau propre et assainissement, pour tous d’ici à 2030.

Boire de l’eau sale pour étancher sa soif ne devrait plus exister en 2023 ! Ainsi, j’ai le coeur serré quand je vois les populations de Tobré se ruer encore aujourd’hui vers les marigots par manque d’eau potable…

Femmes de la localité de Tobré. Crédit photos: Souabirou Mora & Aziz SAKA YAROU

Quelle est la situation à Tobré ?

Trois pompes à motricité humaine sont fonctionnelles pour tout le village. Les femmes de toute la localité s’agglutinent autour de ces pompes pour tenter d’avoir quelques gouttes de ce liquide précieux… Mais celles qui sont fatiguées de faire le pied de grue préfèrent se fier à d’autres sources d’eau. Elles vont donc à la rivière de l’Alibori et ou au barrage de la localité, selon la proximité avec la source d’eau ciblée.

Pompe à motricité haumaine. Crédit photos: Souabirou Mora & Aziz SAKA YAROU

Le problème, c’est que plusieurs pompes ne fonctionnent plus. Le conseil communal a été informé et des solutions sont en train d’être prises. Le conseil communal a repertorié les pompes à motricité humaine et les adductions d’eau villageoises (AEV) qui sont en pannes et le diagnostic des différentes pannes a été fait. A l’occasion de la prochaine session du collectif budgétaire, le conseil communal votera le montant alloué à la réparation des pompes à motricité humaine en panne dans toute la commune. Le conseil communal a déjà saisi la Direction régionale de la Société Béninoise d’Energie Électrique (SBEE) Atacora-Donga à ce propos, pour que les réparations soient faites rapidement.

Depuis 2021, le conseil communal a confié la gestion des forages d’eau à l’unité technique de Régie Autonome Gestion des Infrastructures de Péhunco (RAGIP), qui devenait ainsi un partenaire technique et financier de poids. Mais, en plus de cela, la RAGIP a aussi en charge la gestion des marchés, des boutiques et des magasins de la commune. Ca fait beaucoup !

Cette unité a-t-elle vraiment tous les moyens pour gérer correctement l’ensemble de ces domaines ? A-t-elle les épaules suffisamment larges pour pouvoir recouvrer et réparer les infrastructures au moment opportun ? La clé de répartition des recettes entre la RAGIP et la mairie est-elle favorable à la population ? Le conseil municipal n’aurait-il pas dû confier la gestion du village à différentes structures pour mieux répartir les frais et dépenses à faire ?

Une pompe à motricité humaine. Crédit photos: Souabirou Mora & Aziz SAKA YAROU

La solution devrait être pour bientôt, mais en attendant…

En attendant la réaction de la SBEE, les populations continuent à boire de l’eau sale à Tobré !
Le constat est désolant : les populations prennent massivement d’assaut les barrage et rivière pour étancher la soif dans les ménages. La qualité de ce liquide n’est plus le premier soucis des riverains, car, disent-ils « A défaut d’avoir ce qu’on espère, on se contente d’abord de ce qu’on a ! » Triste réalité au 21è siècle.

Le manque d’eau salubre a de nombreuses conséquences

Les risques encourus par la population sont nombreux : tensions dans les foyers, cas de viols sur le chemin (selon l’ONU, les femmes et les filles sont responsables de la collecte de l’eau dans 80% des ménages dans le monde qui sont sans accès à l’eau sur place) et surtout de maladies hydriques (maladie provoquées par l’ingestion ou le contact avec des eaux insalubres).
L’inaccessibilité à l’eau salubre peut aussi avoir d’autres conséquences, par exemple cela impacte négativement les résultats scolaires chez les filles. Car, en allant à la recherche de l’eau de bain et de boisson, elles peuvent être en retard à l’école et manquent ainsi les cours.

Crédit photos: Souabirou Mora & Aziz SAKA YAROU

La situation à Tobré suscite beaucoup d’interrogations

Il serait de bon ton que les divers acteurs à Tobré puissent revoir leur cahier des charges. Il faudrait faire en sorte que la mairie puisse reprendre la gestion des ouvrages d’eau.

Il serait aussi utile et judicieux que la mairie construise des boutiques adéquates, afin que les populations trouvent facilement les pièces de rechange de ces ouvrages d’eau.

Pour parer au plus pressé, il faut que le conseil communal de Ouassa-Péhunco tienne rapidement une session extraordinaire, pour trouver au plus vite la solution aux problèmes d’eau potable dans le village de Tobré. Cela vaut pour Tobré mais c’est aussi vrai pour tous les villages de Ouassa-Péhunco en général. Car l’eau, c’est la vie ! Le constat est alarmant : plus de 80% des forages d’eau potable ne sont pas fonctionnels dans toute la commune. Il y a urgence ! Les autorités doivent réagir sans tarder.

Qui pour sauver les populations de Ouassa-Péhunco et du Bénin en matière d’eau potable ?

En 2017, le gouvernement béninois avait opté pour une politique de la gestion de l’eau potable à travers la création d’une Agence nationale d’approvisionnement en eau potable. L’objectif était de desservir toute la population béninoise en eau potable d’ici 2030. Mais nous en sommes encore loin.

En attendant, dans de nombreuses localités, chacun se débrouille comme il peut, au risque de sa santé. Les mairies et municipalités ont donc une très grande responsabilité et la bonne gestion des problématiques de l’accès à l’eau potable leur revient.

L’eau nous concerne tous, c’est pourquoi nous avons besoin de l’aide de chacun d’entre nous.

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